I DON'T LOVE YOU, BUT I ALWAYS WILL
Ca sonnait comme une évidence, tout le monde au lycée se doutait que les deux allaient finir ensemble. Il s’agissait là surement de la principale raison qui faisait que Sarah Morgan et Noah Forbes sortaient ensemble. Plus que ça, avec le temps, c’était devenu une évidence, en tous points. Ils aimaient les mêmes choses, voulaient voir les mêmes films, partageaient généralement les mêmes idées et l’adolescente ne lui tenait pas compte de ses sautes d’humeurs et de sa tendance à se laisser emporter par la colère. Elle était belle, très belle. Brune, avec de longs cheveux bouclés et représentait véritablement la femme des rêves du jeune Forbes. Alors, comme tout adolescent profitant des premiers émois, il s’était lancé à corps perdu dans cette relation lisse sous tous angles. Les deux étaient toujours d’accords, ou alors finissaient par se mettre d’accord. Elle venait le voir à l’entrainement de foot et lui aimait aller la voir danser pendant ses répétitions. Ils allaient au cinéma, mangeaient ensemble, les parents de Noah voyaient même cette relation d’un bon œil trouvant leur fils plus épanouis ainsi. Et vraiment, dans le fond Noah avait l’impression de posséder tout ce dont il pouvait rêver : des amis en or, une famille compréhensible, une sœur adorable bien qu’irritante et une petite amie qui sortait tout droit d’un conte de fée. Peut-être le brun aurait il du voir le coup venir, c’était trop beau, trop impeccable pour être vrai. Le crash n’allait surement pas tarder, le masque tombé et cette mascarade qui sonnait faux allait enfin laisser la vérité tomber. Sauf que rien n’y faisait, c’était parfait, toujours trop parfait.
Même leur première fois allait être parfaite. Noah avait tout prévu, le repas au restaurant, il avait l’assurance que les parents de Sarah étaient hors de la maison pour la soirée et avait obligé sa belle à passer sa journée avec des amies afin de pouvoir décorer la maison. C’était sa première fois, leur première fois, ça devait être un moment haut en couleur, un instant tendre et intemporel dont ils pourraient se rappeler. C’était peut être idiot de vouloir rendre tout aussi parfait, mais il vivait son premier véritable amour et l’adolescent ne connaissait pas encore la cruauté des sentiments. C’est ainsi qu’en rentrant ce soir après avoir mangé aux restaurants ils se retrouvèrent chez les Morgan la maison recouverte d’un silence de plomb. D’un commun accord ils montèrent à l’étage, allumant la chaine stéréo dans la chambre de Sarah, Noah alluma ensuite les bougies qu’il avait soigneusement installés à gauche et à droite pendant la journée. « Un vrai prince charmant. » Un sourire fier aux lèvres, le brun se laissa tirer par la belle jusqu’au lit sans opposer aucune résistance. « Si je suis le prince, alors tu es la princesse. » Souffla t’il leurs lèvres bien trop proche que pour ne pas inviter à la luxure. Sans prévenir, consumée par ses sentiments depuis trop longtemps, Sarah embrassa son petit ami avec fougue alors qu’ils tombaient sur le lit. C’est avec naturelle que leurs mains cherchaient à découvrir le corps de l’autre alors que leurs lèvres restaient scellées. Le cœur de l’adolescent battait la chamade alors qu’il se demandait s’il n’avait pas oublié son préservatif dans l’urgence. Incapable de réfléchir correctement, ses mains se glissaient naturellement sous le haut de Sarah alors que les lèvres de cette dernière glissaient le long de sa mâchoire les doigts de la belle griffant en douceur la peau de son futur amant. Lorsque le souffle chaud de la belle vint caresser son oreille, Noah eu du mal à ne pas arracher ses vêtements et ceux de Sarah trop empressé. Les doigts de la belle s’étaient alors agrippés au bas de son t-shirt alors qu’elle lui soufflait de façon suave : « Enlèves ton t-shirt. » Se redressant, il se mordilla la lèvre inférieur dans une moue craquante alors que Sarah jouait de plus en plus avec le bas de son t-shirt. C’était le grand soir, surement l’un des soirs les plus marquants de sa vie, il n’en doutait pas un seul instant.
Commençant à retirer son t-shirt, le jeune Forbes sentit la main de Sarah glisser sur son torse presque dénudé alors qu’un pincement lui nouait le cœur. Ca sonnait faux. Pour la première fois de leur relation Noah avait une hésitation, il craignait ce qu’il allait se passer, l’erreur qu’il allait surement faire. Retirant totalement son t-shirt la seule personne à laquelle il réussi à penser fut Eryn et pourtant au lieu de réfréner ces ardeurs, imaginer la belle le dévorant du regard comme Sarah le dévorait du regard à cet instant l’excitait encore plus. Pressante, Sarah noua ses bras autour du cou de son amant alors que leurs lèvres se rencontraient à nouveau mais ça sonnait faux, trop faux. L’estomac du brun était noué et le visage de son amie Eryn était trop présente sous son crâne. Rompant ce baiser qui le tuait de l’intérieur, dans la semi-obscurité qui baignait la pièce l’adolescent n’avait aucun mal à imaginer Eryn à la place de Sarah, elle se ressemblait tant au fond. C’est surement à cet instant que la vérité le frappa comme une évidence, une évidence bien plus forte que celle qui les unissait lui et Sarah. Dans une moue honteuse et gênée, le brun souffla à mi-voix : « Je suis désolé, mais je peux pas. Je peux vraiment pas. » Jouant avec la ceinture de son petit ami, Sarah arborait fièrement une moue aguicheuse alors qu’elle répliquait amusée : « Je peux te dire que d’où je suis, je suis sur que tu le peux. » « J’en ai pas envie ! » Grogna t’il tout en roulant sur le lit avant de se remettre sur ses pieds. Récupérant son t-shirt il l’enfila rapidement désirant s’échapper de cet endroit le plus rapidement possible, mais surtout se vider l’esprit, arrêter de penser à l’image de cette autre fille qui n’avait pas sa place sous son crâne. « Et tu me laisses en plan, comme ça ? » Attrapant sa veste qui avait été vulgairement jetée au sol à leur arrivée, il ouvrit la porte de la chambre avant de s’arrêter presque en dehors de celle-ci. « J’ai pas envie de faire ça, pas comme ça, pas avec toi. » « En gros, tu es en train de me dire que tout ce que t’as fait pour me baiser c’était pour rien du tout ? » L’implacable vérité était de plus en plus présente dans son esprit, les différences entre Sarah et Eryn étaient tellement fortes qu’ils ne pouvaient plus les ignorer, même volontairement. Tout ce qu’il détestait chez Sarah il l’aimait chez Eryn, tant et si bien que même les défauts de la belle il les trouvait attendrissant. Il l’avait en tête, il l’avait sous la peau et ne l’avait jusqu’alors jamais remarqué, quel idiot ! « Je préfère qu’on en reste là. » Répondit il sans même prendre la peine de s’expliquer. Qu’y avait-il à dire ? Il en aimait une autre, ce n’était pas sa faute.