Attendre. Je détestais ça. Impatient depuis toujours, il était tout à fait normal que je réclame ce que je voulais, quand je voulais, ou je voulais. En autre, ce que je voulais était plutôt simple : de nouvelle tête dans le clan. Mais pas n'importe lesquels. On les avait bien sélectionné. On ? Oui, moi Ophélia et les autres membres que clans. Depuis la disparition des adultes, j'étais monté à la tête d'un clan qui correspondait absolument à mon état d'esprit. Mon clan était fort, mon clan était vicieux, mon clan regroupé les personnalités les plus fortes et intransigeantes de cette ville ... ou du moins de ce qui en rester aujourd'hui. Et puis on avait la chance d'avoir une perle rare dans notre camp qui n'était autre qu'Ophélia. Parmi tous les nouveaux dons apparus, celui d'Ophélia était le plus utile ou du moins l'un des plus utiles : la détection de pouvoir. Ils se pourraient bien que quelques personnes aient attiré notre attention. C'est pour cela qu'on attendait. On attendait que quelqu'un vienne nous annoncer que c'était fait. Mais plus les minutes passaient, plus les gens commençaient à s'agitait dans la chambre. Dans ma chambre en fait, celle qui nous servait de salle de réunion en fait.

Assis sur la chaise d'un bureau, les pieds étendus et les bras croisés sur ma poitrine j'attendais. Je pouvais paraître calme, avoir l'air serein, mais au fond j'en avais marre. Marre d'attendre, marre de devoir appel à des "soldats" ! Surtout quand ses soldats n'étaient pas assez compétents à mon gout. Ils avaient bien trente minutes de retard. Trente minutes de trop pour moi ! Je sentais que j'allais imploser et c'est alors que je croisais le regard de Lia. On formait un duo à la fois parfait et imparfait. Sans parole, d'un seul regard elle me fit comprendre de me calmer -ce qui en fait m'énervait encore plus, j'ai du mal avec les gens qui veulent faire de moi ce qu'ils veulent- mais néanmoins, je me calmais un petit peu. Ce qui n'était pas le cas des gens dans la salle. Pourtant, la mission qu'on avait si bien préparée ne comportait aucune faille. Aucune ! On avait plusieurs jours à le monter et ont envoyé nos meilleurs éléments. Peut-être qu'on aurait dû plutôt envoyer des membres dits actifs ! Ou encore mieux, j'aurais dû y aller moi-même. Je serais revenu dans les temps moi ! Apparemment je n'étais pas le seul à le penser puisqu'un ado d'environ quinze ans se leva brusquement ne lança qu'il allait le voir ou il en était. D'un regard vers une des autres personnes de la pièce, je lui ordonnai d'aller chercher ce Goss. Et pour toutes les autres personnes dans ma chambre je lançai : « On attend ici ! » dis-je d'un voix grave.

Une belle nuit de novembre . Etrange n'est-ce pas ? Joli paradoxe . Les nuits de novembre sont presque trop fraîches , trop noires , trop profondes . Et pourtant . Cette nuit était une merveilleuse soirée . Pourquoi ? Oh juste pour une histoire de plan machiavélique . Heureusement que nous sommes là pour agrémenter les journées et les nuits de ces chers habitants . Sans nous , ils se sentiraient si seuls . Si démunis . Au moins avec nous ils avaient quelqu'un à détester . Plein de personnes à détester ! La haine leur permet de vivre . Il leur reste au moins quelque chose . C'est pour cela que nous avons mis en place ce fameux plan machiavélique . Le tout était de piquer quelques gens avec des pouvoirs à la populace idiote et de les ramener ici . On a laissé des larbins s'occuper de l'affaire . Ils sont cons peut être mais ils savent que s'ils échouent , ils font s'en rappeler . Je m'occuperai personnellement de marquer leur mémoire au fer rouge . Mais pour l'instant , j'attends . Accompagnée des autres membres actifs du groupe . Les plus connus étant Azazël , Ophélia et... moi . Je ne sais plus depuis combien de temps j'attends mais , la seule chose que je sais c'est que j'en suis à ma troisième barre chocolatée . On attend depuis longtemps . Depuis trop longtemps . Alors , on s'occupe comme on peut . Personnellement , je vadrouille un peu dans la pièce . Passant le doigt sur les meubles . " C'est d'un goût plutôt douteux ici . " Je lance un bref regard à Azazël . Après tout , c'était sa chambre . C'est tout sourire -comme d'habitude- que je m'assois sur le coin d'une commode . Les bonnes manières n'existent plus dans un monde aussi fou . Après tout c'est de la bienséance tout ça . Mais , c'est surtout pour faire chier mon monde . Je m'ennuie . Les autres s'impatientent . Tout le monde est impatient . Ca se lit sur les visages . Exception faite sur nos deux leaders . Les deux big boss . Les deux chefs de l'opération . On ne se frotte pas à eux . Et pourtant , quand on a le soutien d'un , on peut bien se permettre d'embêter l'autre . Surprise Azazël , c'est ton jour de chance . Je m'intéresse à toi . Content ? Ouais j'en suis sûre . C'est pas le cas de ce cher Kévin . Brûlant d'impatience , il a voulu sortir . Un signe d'Azazël -même si on se demande qui est le plus des deux- l'a retenu et a empêché ce pauvre Kévin de sortir . Quel dommage . Try again . La prochaine fois ça se fera pas aussi doucement , crois-moi . " On attend ici ! " Ces mâles toujours à vouloir montrer leur autorité . Avec son ton grave et autoritaire , il pouvait en recadrer plus d'un . Mais sûrement pas moi . " Oui chef . " Simple marmonnement . Pas sûr qu'il l'entende mais ça avait été plus fort que moi . Pulsion suicidaire . Même lui devait être sur les nerfs . Il devait être facile à faire sortir de ses gonds . " De toute façon, s’il s’est passé quelque chose, ce n’est pas ton simple pouvoir d’aurification qui va faire un changement. Alors reste bien assis sur ton siège Kevin, et garde la bouche bien fermée sinon ce n’est pas l’armoire à glace qui viendra te remettre à ta place la prochaine fois, ce sera moi. " Oh la menace ! A sa place , je ne ferai rien . Enfin , je dis ça mais je l'aurais pas écoutée non plus . En tout cas , pas dans sa totalité . Elle était menaçante certes mais , elle m'aimait bien non ? Je n'étais qu'une simple gamine après tout . Encore innocente et pure . " Je vais te trouver une occupation moi . Réfléchis aux prochaines boucles d'oreille que tu vas me faire . Tu seras mignon ." Grand sourire en sa direction . Mignon lui ? Il fallait bien qu'il y croit autrement le pauvre , il allait finir par se suicider . Impatient , plutôt idiot , moche , rien de bien folichon . Qu'il se suicide ? Ca serait mal . J'avais vraiment besoin d'une autre paire de boucles d'oreille ! Je me tourne enfin vers notre figure féminine d'autorité . " Mais moi j'aurais pu faire quelque chose ! J'étais sûre que j'aurais du y aller ! Vous auriez du me laisser y aller parce que c'est vrai qu'on s'amuse beaucoup ici ! Dommage qu'on ne puisse pas convertir toute cette tension qui règne ici en électricité , on aurait pu éclairer toute la ville . " Je lève encore les yeux au ciel . Mes nerfs sont aussi à fleur de peau . Un maigre sourire sur mes lèvres . Rien de bien bon . Heureusement que j'ai encore ma troisième barre chocolatée . J'en mange un dernier bout . Bientôt finie . Comme cette attente . Je l'espère en tout cas . Elle se lève et s'en va parler à Azazël . Je vois seulement ses lèvres remuaient mais , pas besoin d'être particulièrement intelligent pour savoir ce qu'elle dit . Il y a eu des complications , tout le monde le sait . Quand on laisse les débiles faire le travail , voilà ce que ça donne ! J'espère juste qu'ils en ont ramenés quelques-uns . Les plus intéressants . J'ai quelques comptes à régler .

Les yeux rivés sur ma montre dont le mouvement de l’aiguille, inébranlable, marque la course effrénée du temps qui passe je fais en sorte de prendre mon mal en patience. Cela fait une éternité qu’ils devraient être rentrés et tout le monde savait que chaque seconde comptait. Soupirant discrètement je jette un coup d’œil par la fenêtre sur laquelle je suis appuyée je suis surprise un instant en croisant mon reflet. Surprise, comme toujours de voir que les seules marques de coups qui s’y trouvent ne sont pas l’œuvre de mon père. J’ai du mal à m’y faire, qu’ils aient tous disparu, même si ça me plait. J’esquisse un sourire, disparaitre était la meilleure chose qu’ils n’aient jamais fais de leur pitoyable existence. A nous le pouvoir, ou devrai-je dire, à moi le pouvoir. Puisqu’au fond, c’était tout ce qui m’importer, m’élever au rang de maitre incontestée et ce même si , pour cela, je devais commencer au bas de l’échelle, à suivre les ordres comme les autres. Dehors, un mouvement attira mon attention et me sortit de mes pensées, fronçant les yeux pour distinguer ce qu’il se passait malgré l’obscurité ambiante je levai les yeux au ciel, encore un gamin perdu qui maudissait le ciel d’avoir fait disparaitre ses parents. J’eus soudain envie de rire, si j’avais été plus proche de lui, il aurait vraiment eu de bonnes raisons de se plaindre, je ne pouvais m’empêcher d’imaginer la douleur prendre place dans ses yeux pleins de larmes et ses cris… Oui ses cris si délicieux à mon oreille sortir de sa bouche déformée par la souffrance. J’en avais l’eau à la bouche. Mais, pour le moment, impossible d’aller faire sa fête à ce gamin, interdiction de sortir, ordre du chef. Je t’en foutrai moi des ordres… Mais il n’était pas encore temps, se faire petite, faire croire à tous mes camarades du clan que je n’étais pas un danger, du moins pas plus qu’avec mon don et mes poings. Une brute, une manuelle, pas quelqu’un capable d’échafauder un plan viable. Et tant pis si je n’étais pour l’instant pas considérée comme une personne forte. Il valait mieux ça qu’avoir une cible sur le dos, et une étiquette, personne à abattre au-dessus de la tête.

Je n’avais toujours pas compris pourquoi Azazël et Ophélia avaient décidé de laisser les petits soldats du clan se charger d’une mission si importante que celle-ci… Mais bien sûr, si nous avions un quelconque avis à donner, personne ne l’avait fait. Pourtant, maintenant les réflexions allaient à bon train. Kevin avait même voulu aller voir ce qu’il se passait pour qu’ils aient tant de retard mais notre leadeur l’avait, si l’on pouvait dire ça comme ça, sacrément remballé, sortant de ma contemplation de l’extérieur je lui jetai un regard moqueuse, le pauvre garçon avait la fâcheuse habitude de mettre les pieds dans le plat, c’était à se demander s’il avait vraiment sa place  parmi les membres actifs du clan. Trop peu réfléchis, immature… Mais il en fallait bien quelques-uns pour détourner l’attention sur moi. Après l’intervention d’Ophélia, menaçante comme d’habitude je reconcentrai mon regard sur l’extérieur. Personnellement je n’avais pas peur d’elle. Je n’avais peur de personne même si cela pouvait avoir l’air un peu inconscient sur le coup. Il ne fallut pas longtemps pour que la pièce ne commence à s’agiter par la suite, une petite blonde, aux airs angéliques prit par la suite la parole et, prête à mettre mon grain de sel dans la conversation je me tournai vers mes camarades le visage un peu glacé par l’anxiété… Ou peut-être par l’excitation de voir de nouvelles personne entrer de gré ou de force dans le camp. S’il fallait les battre pour qu’ils acceptent de se mettre à notre service je n’hésiterai pas. Faisant un léger sourire je laissai échapper doucement : « Elle a bien raison il faut avouer que c’est plutôt risqué de leur laisser cette responsabilité… » Passant une main dans mes cheveux je jetai un regard à toutes les personnes présentes, pouvant lire sur leur visage toute l’impatience et la tension du monde. « S’ils pouvaient en ramener un qui pourrait faire ça… Je ne serais pas contre. On a l’impression de vivre au temps de nos ancêtres. » Repris-je doucement en faisant référence aux futurs prisonniers.  Mais je n’allais pas particulièrement me plaindre. La situation était particulièrement agréable et je dirais presque idyllique après la vie que j’avais vécue depuis la mort de ma mère.